2 juil. 2012

Marcel Rufo ouvre un hôpital pour adolescents à Marseille


INTERVIEW - Le pédopsychiatre lance à Marseille un nouvel hôpital pour adolescents en souffrance. Avec une vidéo BFMTV.

Marcel Rufo, directeur de l'Espace méditerranéen de l'adolescence, à Marseille. Le premier hôpital exclusivement dédié aux 11-25 ans.
Dans le sillage de la Maison de Solenn, l'Espace méditerranéen de l'adolescence (EMA), conçu comme le premier hôpital exclusivement dédié aux 11-25 ans, est inauguré ce jeudi. Piloté par l'Assistance publique Hôpitaux de Marseille (AP-HM), ce lieu unique est bâti sur l'idée de «réhabilitation» des jeunes malades. Les arts, l'enseignement ou le sport font partie du projet thérapeutique. Installé à Marseille, dans l'ancien hôpital Salvator réaménagé depuis deux ans, il sera officiellement ouvert en présence de Bernadette Chirac, présidente de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, un des financeurs du projet et de son directeur, le pédopsychiatre Marcel Rufo.
LE FIGARO. - Pourquoi regrouper les adolescents pour les soigner?
Marcel RUFO. - Ce ne sont plus tout à fait des enfants mais pas encore des adultes, ils ont besoin de soins spécifiques. Qu'ils souffrent de troubles de la personnalité ou qu'ils soient en voie de guérison d'un cancer, à partir du moment où l'on af­fiche «maison des adolescents», ils acceptent d'être hospitalisés, alors qu'ils refusent parfois la prise en charge en pédiatrie ou en médecine adulte, avec des vieillards de plus de 25 ans! Finalement, il y a un effet de bande dans l'hospitalisation, qui se retrouve chez les adolescents, avec, parfois, de jolis moments de co­thérapie où ils se soutiennent entre eux. À l'EMA, nous voulons rendre la maladie anecdotique et relancer les échanges avec une «perfusion» de culture.
Quel est le mal du siècle pour les adolescents?
Sans doute le trouble de la confiance en soi et la crainte du futur qui se développent dans un contexte où on leur assène en permanence l'idée que l'avenir va être difficile. Ce pessimisme entraîne des conduites addictives, et quand la vie fait plus peur que la mort, des violences ou de l'autoagressivité. Dans les troubles alimentaires, l'anorexie grave est heureusement rare. La boulimie et le surpoids sont devenus un phénomène de société important. Il faut rappeler que 85 % des adolescents vont bien, même s'il est fréquent à cet âge de souffrir de troubles du sommeil ou de douter de soi.
Comment les 15% de jeunes qui vont mal expriment-ils leur souffrance?
Cela représente tout de même près de 900.000 ados. Ils sont autoagressifs, ils ont une dépression hostile, ils consomment tous les produits, ils pratiquent une sexualité où ils utilisent leur corps comme un objet et non comme une réalisation de soi, ils ne croient plus à l'école, ils préfèrent fumer du haschisch plutôt que de se rendre compte de leur malaise, ils re­fusent l'accompagnement: c'est un ­faisceau. Ils ne se résument pas à un symptôme.
Votre projet est aussi de «guérir de la guérison» des jeunes qui ont été traités pour un cancer?
On s'intéresse beaucoup aux conduites à risque des ados, mais assez peu à cette maladie terrible qui est la troisième cause de mortalité à l'adolescence. Dans le cadre du plan cancer, nous créons un centre qui a pour vocation de s'occuper des adolescents guéris d'un cancer et de leur proposer une prise en charge psychosociale.
Par figaro icon Agnès Leclair -



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